Camille et Sophie sont lauréates de l’appel à projets dans la catégorie Art & Création. On devait se rencontrer à Paris mais nos agendas en ont décidé autrement. C’est donc par zoom, chacune dans un coin différent de la France, avec de connexions plus ou moins fiables, que l’interview se fait. Les conditions ne sont pas idéales mais n’entament en rien l’intérêt de la discussion et surtout de leur projet. C’est bon signe.



Quel est le projet pour lequel vous avez été lauréates ?


Le projet s’appelle MAISON SŒURS : galerie d’art et de gastronomie itinérante avec comme objectif d’organiser des expositions collectives d’artistes femmes émergentes avec une dimension culinaire. Pour nous, l’art culinaire consiste à voir la cuisine comme un art, ce qui rejoint notre idée de plus lier l’art au quotidien et de revoir les liens qui peuvent exister entre art et artisanat. Retrouver le beau dans notre quotidien. Ce qui nous anime aussi c’est de créer du partage et de la rencontre. Pendant un an on a eu un lieu qui nous a permis de le faire.



Quelles sont vos attentes/besoins pour ce projet ?


Beaucoup de choses ! Conseils en communication, sur notre identité, nos propositions, cadre juridique, business plan... Et surtout échanger avec des femmes dans le même secteur, c’est hyper précieux d’avoir leur avis sur ce qu’on fait. On a eu la chance d’avoir déjà des rendez-vous avec Florence Cocozza, Aude de Bourbon Parme, Joséphine Dupuy Chavanat, Elsa Paradol.



Les prochaines étapes pour MAISON SŒURS ?


On va développer de l’évènementiel art et cuisine avec différents formats : dîners au milieu des œuvres, visites d’atelier avec proposition d’amuse-bouches en lien avec les créations des artistes, des accords met-vin-œuvre. Et garder, ponctuellement, l’idée d’expositions collectives dans des lieux atypiques.



Et avant MAISON SŒURS, votre histoire commence comment ?


On s’est rencontré en histoire de l’art et dès la première année on se parlait de ce type de projet hybride. On avait envie de sortir du « white cube », d’intégrer la cuisine et l’artisanat qu’on abordait très peu pendant nos études. À la fin de nos études, on a chacune travaillé puis deux événements ont déclenché le démarrage de Maison Sœur : on s’est retrouvé au chômage au même moment et on nous a mis à disposition un lieu à St Ouen pour organiser des expositions et événements.



Pour quelles raisons vous avez candidaté à l’appel à projets Wise Women?


On s’est complètement retrouvé dans les valeurs de Wise Women : soutien, collaboration, idée des cercles dans le cercle. Cela fait complètement écho à notre envie de réunir des artistes ensemble, de favoriser des éclosions de projets à partir des rencontres qu’on crée en croisant les disciplines.



Comment en avez-vous entendu parler ?


Une amie artiste nous a transféré l’appel à projets. On connaissait déjà un peu Wise Women.



Sophie, les 3 femmes que tu aimerais/aurais aimé rencontrer ?


Lauren Bastide dont le livre Présentes a été une des sources d’inspiration pour notre première exposition du même nom.

Meryl Streep

La cheffe Ella Aflalo



Et toi Camille ?


Louise Bourgeois, pour l’influence qu’elle a eu et a toujours sur les artistes contemporain.e.s. J’aurais aimé discuter avec elle de psychologie, de textile, de mémoire, d’araignées.

Camille Morineau, fondatrice de AWARE dont j’admire énormément le travail

Mona Chollet dont je dévore les écrits et que j’aimerais entendre.



Vous avez des coups de cœur artistiques récents à partager avec les Wise Women ?


Sophie recommande :

Le livre Cristallisation secrète de Yoko Ogawa

Les studio children de la plasticienne Kate McCrickard

Les palourdes jeow som du restaurant Clamato



Les conseils de Camille :

L’exposition Délicieux Jardin de Yoann Estevenin à Chapelle XIV (notamment avec ses œuvres en collaboration avec Chloé Valorso)

Découpage III (D’après Jésus parmi les docteurs, de Dürer) de Solène Simon

L’autre moitié du Soleil, Chimamanda Ngozi Adichie, ce n’est pas ma lecture la plus récente mais c’est le dernier livre qui m’a vraiment marquée.

Crédit portrait : Dan Aucante